M D L au festival TRAVERSE VIDéO Rencontres Internationales
Texte écrit par Simone Dompeyre

La grande paroi du Réservoir oblige à lever la tête. Dévolue à Miroir/D/Lié qui en prend possession, qui y danse sa lumière et fait varier les corps et leur occupation de l'espace.
La grand salle crée des liens et des contre points entre les œuvres où vague l'eau, elle aussi en diverses sortes de mouvements.

La forêt par la métonymie du grand arbre sur fond de ciel si bleu ou approché jusqu'à l'écorce ou indissociable de l'eau. Les éléments fondent un monde dans leur impossible distinction. Les Humains en danse, respirent autant en eau qu'en air.

L'eau en gouttes, en taches, en coulures, en pluie, en espace aquatique, en fonds, en superposition et le miroir comme une eau arrêtée, gelée, couvrant l'espace ou captant/ donnant le reflet.
L'eau en écume triomphante.
L'eau l'envers du miroir, le miroir mouvant, le miroir par le cadre enserré ou maculé par du noir formant un autre cadre, par exemple autour de l'adolescent.

Macules abstractivant l'espace sans jamais empêcher le corps dansant. Les deux comme lieu du chorégraphique.

Il faudrait dire les moments de chorégraphie de cette terre, en bande suivies, de ce ciel, en bande réunies en cercle, de cette eau souveraine dans lesquels, avec lesquels les hommes sont/font.

Des corps de l'enfance à l'âge mûr, en simple maillot de bain noir voire dans la nudité adolescente, l'animent. Y font danse. Rarement dans leur entier - hormis les enfants jouant- mais par fragments désirés et inversement, parfois reflétés et captés hors le miroir simultanément ou fragmentés par un cadre peint en rouge qu'ils tiennent diversement ou qui tient en équilibre diversement. Comme leur corps… d'avant le mouvement, dans le mouvement.

Ils agissent dans la verticalité comme dans l'horizontalité… la danse est cette possible adéquation avec les divers axes.

Des objets signifiant plus encore par cette couleur qui les imposent réveillent des mythèmes, des histoires d'enfermement, de délivrance, de jeu, d'amour et de mort. Cet étrange cadrage du visage masculin par des oreilles/appendices de minotaure ou autre attribut puisque la proposition de sens est aussitôt dépassée, sans résolution.
Cette forme rouge tenue devant le visage répond du moins par sa couleur à la cordelette réitérée sans fin, zébrant l'eau, prise en travelling latéral, tendue, mouvante, réitérée et à laquelle s'accrochent la femme … et l'homme aussi.
Cependant, quel itinéraire chercheraient-ils à gagner puisqu'ils se meuvent sans efforts, portés par l'eau même si la dernière venue, l'adolescente nue danse avec plus de frénésie, de violence contenue. Et que les enfants ajoutent au mouvement par la balançoire.

Cela scandé par quelques percussions au point donné, à l'élan inattendu de la flûte et là, du gong ou de la cloche et dans la fin, après des sons de la forêt jamais lointaine de l'eau ici, une stridence des sons vocaux de loin.

Le miroir s'accorde à de telles variations jusqu'à sa brisure annoncée par le titre, son arête susceptible de blesser mais accordant l'image aussi.

Le portrait fragmenté de chacun, selon son mouvement personnel, le distinguant après une même accroche à la corde rouge, après qu'ils ont trouvé leur pas à eux.
S'y respire la confiance en la chorégraphie, en la poétique du mouvement. Le sourire leur sied. Est de bon aloi, le plaisir ludique des enfants et l'impatience de la fillette qui baille ou se parle elle-même dans ce lieu du silence que la bande son sait ménager.

L'on sait que Pascaline Richtarch-Castellani est synonyme de vie-danse, ce Miroir à dire oralement D lié, l'exprime. Il réunit/lie l'obligation du lieu du corps, du cadre de l'image filmée, et délie de l'asservissement à un lieu fût-il écranique.

Simone Dompeyre
Présidente et commissaire artistique de Traverse Vidéo